Au marché jeudi matin, je patiente dans la (longue) file d’attente devant le stand odorant les herbes fraiches de mes maraîchers préférés. Ceux là, ils n’existeraient pas il faudrait les inventer ; une famille au grand complet sur 3 tables, gentils, beaux et rigolos et des top produits. Pas de panique je n’écris pas une chronique sur les maraîchers mais sur un problème linguistique extrêmement préoccupant.
Voici le sujet de tous mes tourments : l’innocente vendeuse se retrouve systématiquement emportée dans un tourbillon de « je vais vous prendre ». Aïe, comme ça, tôt le matin, tout le monde veut la prendre ! Non vous ne rêvez pas, c’est ce qu’un client sur deux lance à la volée : « je vais VOUS prendre un kilo de carottes » ; je vais VOUS prendre une botte de radis ; je vais VOUS prendre quatre courgettes, etc.
La personne « prise » ne doit plus l’entendre et reste stoïque devant tant de franches sollicitations mais moi je n’entends que cela et la question se pose : pourquoi ce « vous » incroyablement décalé dans une phrase qui pourrait largement s’en passer ? Est ce que les courgettes sont meilleures quand on a l’impression de prendre la vendeuse avec ?
C’est sur cette interrogation cruciale que je vous souhaite à tous un très bel été.
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